Nous sommes en 2153 et la bêtise humaine a atteint son summum. Les nations déchiraient le monde et les ethnies déchiraient les nations. Chacun cherchait a tuer son prochain ou du moins le craignait. La faiblesse était sanctionnée par la mort. C'est dans ce monde que vécut un homme, Maxime Rasfinger, le plus commun des mortels.
Ce jour-là, il partit travailler au volant de sa voiture à triple blindage. Chaque fois qu'il était dans son véhicule, il mourrait de peur, autant que quand il était hors de ce véhicule. Ses voyages était toujours ponctués par quelques tirs de fusil automatique, comme en ce jour. Après avoir parcouru les quelques 350 mètres qui séparaient son domicile de son bureau, il gara sa voiture à la même place que d'habitude, afin d'être reconnu des nationalistes et des indépendantistes et pour qu'ils ne la détruisent pas par mégarde.
Comme tous les jours, Maxime salua la guichetière, bien protégée derrière sa vitre à l'épreuve des balles. Comme tous les jours, il monta dans son bureau du 15ème étage. Comme tous les jours, il s'installa dans le confortable fauteuil de cuir derrière son bureau. Comme tous les jours, sa secrétaire lui annonça les nouvelles de la journée :
« Mr Rasfinger, vous avez reçu un appel téléphonique.
– Qui était-ce ? interrogea-t-il.
– C'était Mr Jack Lantinier, répondit la jeune femme. Il voulait vous demander de vérifier son grand livre. Il dit que cela ne correspond pas du tout à ce qu'il avait trouvé.
– Encore ? s'étonna notre comptable. C'est au moins la troisième fois ce mois-ci. Il doit y avoir un problème quelque part. Appelez-le moi. »
C'est ainsi que se passaient la plupart des journées de Maxime Rasfinger.
Ce jour-là, il décida de se mêler à la foule pour aller déjeuner. Bien lui en prit : sa secrétaire avait contrarié un indépendantiste. Quand il arriva dans le fast food, en face de son immeuble, il s'installa de façon a observer son bureau. Il commença alors à manger. Il mordit dans son sandwich hamburger, il entendit une explosion tout près de lui. Il leva la tête et vit son bureau en train de brûler, dévasté par une explosion. Par miracle, ils n'avaient pas fait sauter tout l'immeuble qui reposait désormais sur sa partie ouest. Il n'y avait pas eu un seul cri, c'était à peine si les gens avait réagi. De toute façon, ils étaient tellement habitués aux attentats qu'ils ne réagissaient même plus quand il y en avait un.
Maxime dit alors à la femme assise en face de lui :
« C'est une chance que je sois sorti pour manger ce midi.
– Il n'y avait personne d'autre que vous à travailler dans cette partie de l'immeuble ? demanda la femme.
– Si, il y avait ma secrétaire, déplora Maxime.
– Ca alors ! s'exclama une autre femme à sa gauche. Je cherchais justement un emploi de secrétaire dans la région.
– Eh bien, on peut dire que vous êtes vernis, vous, aujourd'hui ! » plaisanta l'homme à sa droite.
En ces jours sombres, la mort d'un être, même cher, n'est presque plus source de deuil et de tristesse, car cela arrive trop souvent. De toute façon, dans ce monde fou, une personne qui pleure un mort est considérée comme faible et donc est tuée froidement. « Pas de place pour les lopettes. » comme le disent si bien les militaires.
Lorsqu'il sortit du fast food, Maxime se prit un moucheron dans l'œil. Oui même avec toute leur technologie, les êtres humains n'étaient pas capables d'empêcher cela. Son œil se mit à pleurer. Il fut obligé d'y mettre le doigt pour essayer de supprimer la bestiole mais il n'y parvint pas. Le seul effet que cela produisit fut de faire pleurer son œil bien plus fort. Lorsqu'il releva la tête, il fut ébloui par une lumière rouge. Il eut juste le temps de comprendre qu'on lui visait l'œil avant que celui-ci ne fut traversé par une balle.
*
* *
Maxime se réveilla, il se demanda ce qui lui arrivait car il aurait pourtant dû mourir. Il regarda autour de lui : il était dans une pièce circulaire entièrement recouverte de blanc, avec une porte au fond. Il se leva et avança vers la porte sur un sol doux et molletonneux. Il entra dans un long corridor lui aussi d'une blancheur quasi éblouissante Au bout de ce couloir se trouvait construite entièrement d'une matière blanche et solide qu'il ne connaissait pas. Un vieil homme barbu vêtu d'un costume blanc l'accueillit :
« Je vous souhaite la bienvenue au paradis ! Vous êtes ?
– Maxime Rasfinger, répondit notre homme. Vous m'avez dit que vous me souhaitiez la bienvenue où ?
– Déjà vous ? On ne voit plus le temps passer ici aujourd'hui. On ne l'a jamais vu passer d'ailleurs. Bon, il faut que je vous envoie voir le Patron. Dites lui que vous venez de ma part puis présentez vous, expliqua le vieil homme en le menant devant une grande porte blanche. Il sait tout mais il adore blaguer. Il pourrait tenter de vous avoir.
– Mais comment vous appelez vous ? l'interrogea Maxime.
– Saint Pierre. Ou on m'appelle aussi le Saint Porte-Clefs, mais je n'aime pas trop cela.
– Saint…»
Il fut coupé par la porte qui s'ouvrit avec le son d'un chœur. Saint pierre le poussa à l'intérieur de la pièce et s'empressa de fermer la porte derrière lui. Maxime se trouvait devant un bureau massif derrière lequel était assis une personne qui gardait son visage dans l'obscurité. Il était vêtu d'une toge blanche et dégageait quelque chose qui inspirait le plus grand respect et la plus grande crainte.
« Bonjour Maxime. Si je connais ton nom, c'est parce que je suis Dieu. Tu allais me poser la question, n'est-ce pas ?
– Ben… hésita maxime.
– Très bien, reprit Dieu, continuons. Si je t'ai fait venir ici, c'est pour une raison bien précise. Mais avant de t'expliquer ceci, laisse moi te montrer ce qui s'est passé lorsque tu es mort. »
Maxime vit dans une sorte d'écran une foule compacte marcher d'un pas pressé, piétinant son cadavre.
« Bien. Maintenant vois ce qui se serait passé il y a environ cent ans. »
Maxime revit alors la même rue, mais il entendit des gens hurler, il en vit d'autres pianoter frénétiquement sur le clavier de leurs téléphones portable, d'autres encore se penchaient vers lui comme pour vérifier s'il ne vivait pas toujours.
« Ne trouves-tu pas que les personnes de la 2ème scène paraissent plus gentilles, plus attentionnées, plus…humaines ? dit Dieu. Ne penses-tu pas que les hommes ont régressé depuis cette époque-là ? J'ai créé des formes de vie intelligentes sur plusieurs planètes, et la race humaine est la seule à avoir utilisé la technologie pour créer des armes, la seule a ressentir de la haine. Je ne sais pas ce qui a mal fonctionné ici, mais les hommes sont des êtres dégénérés qui possèdent une intelligence supérieure et ressemblent à des animaux par leur comportement. Les autres espèces règlent leurs conflits par des défis sportifs ou intellectuels mais pas en détruisant ce qui les contrarie. Mais maintenant, les hommes sont presque capables de voyager vers les autre mondes où j'ai créé la vie. Ce serait une catastrophe ! Ils emmèneraient la haine avec eux et toute la vie que j'ai créée serait rongée par cela. Il faut donc que j'envoie quelqu'un pour détruire cette race. Et ce quelqu'un, c'est toi. Acceptes-tu ?
– Moi je veux bien, répondit Maxime, mais je suis mort !
– Ce n'est pas un problème, répliqua Dieu. Je vais arranger cela. »
Il claqua des doigts et, sur Terre, le corps de Maxime se reforma. Son âme y entra et il se releva en sachant exactement ce qu'il devait faire.
Il se dirigea vers un homme qui passait par là. Il lui dit qu'il voulait l'indépendance et qu'il crachait sur les idiots de nationalistes, ce qu'était l'autre. Comme Maxime l'avait prévu, l'homme sortit son arme. Maxime lui prit d'un geste vif et lui explosa la boîte crânienne. Un second nationaliste qui venait d'assister à la scène dégaina et tira sur Maxime, mais la balle s'écrasa sur sa peau et tomba par terre sans qu'il ne sentit aucune douleur. Maxime braqua son arme sur un passant et le tua froidement d'une balle en pleine poitrine. Il commençait son œuvre macabre et était loin de la finir.
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"Et Dieu créa l'homme, mais il vit que l'homme n'était pas bon alors il décida de le détruire."
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La mère ferma la Bible et dit à ses enfants :
« Vous voyez les enfants, les hommes se faisaient la guerre et ils ont été détruits. C'est pour ça que nous, les chiens, nous avons décidé de ne plus nous battre quand ils ont disparus et que nous avons évolué. »