An Endless Story [Kingdom Hearts]

Prologue : 1ère Partie

La pluie

La pluie.
Il faisait nuit. Une longue pluie qui s'abattait sur la ville silencieuse. Une pluie qui durait depuis assez longtemps pour noyer toute vie. Mais aucune vie ne pouvait être noyée, précisément car il n'y avait aucune vie dans cette ville. Les bâtiments, plus sombres et plus hauts les uns que les autres, n'étaient plus que des vestiges d'une vie passée. Même la tour, autrefois si lumineuse, n'émettait plus qu'un faible éclat. A travers cette faible lumière, on pouvait distinguer les gouttes d'eau qui tombaient drues. Ce n'était plus de la pluie, c'était un déluge. Ce n'était plus une ville, c'était un lieu inhabité. Pourtant, quelquechose dans la ville bougea. Une faible lueur noire, ténèbres dans les ténèbres, apparut en plein milieu de la place dominée par la tour. Puis cette lueur s'aggrandit, comme si elle se nourissait de la pluie battante. Elle atteignit ainsi la taille d'une personne adulte. Quelquechose la traversa alors, comme on franchit une porte. Une main gantée de noir surgit des méandres de la lueur obscure. Ténèbres parmi les ténèbres. Noir dans l'obscurité. Après la main, ce fut un bras tout entier, recouvert d'un manteau noir qui ne tarda pas à s'humidifier. Ensuite, le corps dans son ensemble apparut. Mais la totalité de la silhouette se trouvait enveloppée dans un manteau noir, la tête cachée par une capuche. Ténèbres au milieu des Ténèbres. La personne qui venait de sortir ainsi de nulle part paraissait assez petite pour un adulte. Rien ne laissait entendre qu'on avait affaire à un homme ou une femme, à un adulte ou un enfant. Peut-être n'était-ce même pas un humain. Son long manteau noir la rendait invisible, car aucune lumière ne pouvait l'éclairer. Et la pluie toujours diluvienne n'arrangeait rien. Mais de toute façon, il n'y avait personne pour la voir. Seule chose qui pouvait peut-être être distinguée dans la pénombre, deux chaînes d'argent qui pendaient au cou de l'individu.
Il resta un moment immobile, comme à l'affût de quelquechose, puis il se mit à marcher, en direction de la grande tour, vide, abandonnée, ruisselant d'eau, mais toujours fièrement dressée, tentant d'apporter une dérisoire lumière à la place qu'elle surplombait. La personne encapuchonnée avançait toujours, insensible aux gouttes qui coulaient et ruisselaient sur son manteau. Alors qu'elle se trouvait déjà sur la place, elle fit un mouvement de tête vers sa droite. A l'endroit où elle regardait, une lueur noire, à peine visible dans la noirceur de la nuit, émergea du sol, assez semblable à la lueur qui l'avait emmenée jusqu'ici. Puis, un peu plus à droite encore, la même chose se produisit. Et de chaque lueur, une silhouette émergeait et se dressait. Chacune était de noir, mais à l'inverse de la personne qui se trouvait un peu plus loin, ce n'était pas un manteau. C'était leur essence même: les Ténèbres issues des Ténèbres. Chaque créature faisait environ un mètre soixante de haut, et une gigantesque paire d'antennes issue du haut de leur crâne retombait jusque sur le sol. Leurs yeux jaunes luisaient d'une lueur étrange. Comme on ne voyait presque pas les corps en eux-même, les yeux semblaient flotter dans les airs, ce qui n'était pas particulièrement rassurant. D'abord deux puis trois, les monstres issus des Ténèbres furent bientôt une trentaine, agitant leurs deux bras et leur deux jambes d'une noirceur sans nom. Les antennes accompagnaient le mouvement. Puis, soudainement, les créatures coururent vers l'individu au manteau noir, qui s'était immobilisé. Bientôt, il fut totalement encerclé. Mais il ne semblait pas particulièrement effrayé. Lentement, insensible aux monstres qui s'approchaient, il leva ses deux mains. C'est alors qu'il prit la parole, d'une voix ne trahissant qu'une simple contrariété:

-Si vous n'avez que ça à me proposer...

Sa voix était masculine, mais pas assez rauque pour être celle d'un adulte. Un adolescent probablement. Les créatures, quant à elles, continuaient d'avancer, sourds prédateurs devant une proie. Mais le jeune homme était-il réellement la proie ?
Ses mains continuaient de se lever, jusqu'à ce qu'elles soient placées en angle droit avec le corps. Alors, une lumière intense commença à irradier de chaque main, éclairant toute la place, désormais envahie par une centaine de créatures, faisant reculer les ombres. La pluie semblait s'apaiser quelque peu, mais elle tombait toujours de manière forte. Puis la lumière s'intensifia davantage, éclairant les quartiers proches, répandant son éclairage là où régnait encore l'ombre. Puis elle diminua. Après l'expansion, la concentration. Ainsi la lumière revenait à son origine, les mains de l'adolescent, avant de se scinder en deux. Sous forme de boules de lumière pure, une partie se retrouva dans la main droite, et l'autre partie, dans la main gauche. Ensuite les deux boules s'allongèrent et s'étirèrent, jusqu'à atteindre la taille d'une épée. En fait, elles ressemblaient à deux épées, possédant chacune une garde que tenait fermement chaque main de l'homme au manteau noir. Mais leur profil ressemblait plutôt à celui d'une très grande clé.
La Keyblade...
Les ombres s'avançaient à nouveau, mais de manière plus saccadée, comme s'ils hésitaient. Les yeux jaunes perçaient la nuit et s'attardaient sur les deux armes, toujours levées. La première était d'un noir d'ébène, mis à part la garde et le haut de la lame, de couleur argentée. L'extrêmité sombre, qui donnait à l'arme l'apparence d'une clé, semblait à même de découper n'importe quoi. La garde était, de part et d'autre, encadrée par deux ailes tombantes, d'un noir de jais. Un porte-clé en forme de couronne noire était relié au bas de la garde par une chaîne. La deuxième Keyblade était, à l'inverse, blanche. La lame était divisée en deux fines barres d'aspect métallique, qui remontaient jusqu'en haut de l'arme, et se terminaient par deux objets. Un coeur jaune et une étoile colorée, celle-ci faisant office de "dents" de la clé. La garde était grise, et encadrée par deux ailes blanches tombantes. Le porte-clé de cette Keyblade était une étoile jaune, reliée à l'arme par une corde brune tressée.
Le jeune homme baissa ses bras, et se mit en position d'attaque, les deux Keyblades en avant. Les créatures des Ténèbres avançaient toujours. La pluie tombait encore. Puis ce fut le contact. Une première ombre sauta vers l'homme au manteau noir, avant de se faire transperçer par la Keyblade noire. Noir sur noir, comme si l'arme avait fusionné avec le corps sombre du monstre. Mais la créature s'était ensuite évaporée, et une lueur rosâtre en forme de coeur s'éleva du même endroit. Ce coeur continua à monter vers le ciel pluvieux, avant de disparaître.

-Un de plus... , murmura le jeune homme.

Puis tout s'enchaîna très vite. Les créatures se jetèrent sur lui, visiblement désireuses de venger leur semblable. Mais à chaque attaque d'une créature, répondait une contre-attaque de Keyblade. Et pour chaque créature qui attaquait, un coeur s'envolait. L'homme déchaînait ses attaques qui ne laissaient aucun monstre en vie après leur passage. Après une cinquantaine d'ombres vaincues, il sauta brusquement dans les airs. Plusieurs créatures l'accompagnèrent, et tandis qu'il montait, les Keyblades sifflaient et les monstres se dissipaient. Mais il en venait toujours autant, sortant de portails aussi ténébreux que leur corps. Après une dizaine de minutes, plusieurs centaines de créatures avaient succombé. La pluie tombait encore davantage, comme pour s'impliquer dans le combat qui faisait rage sur la place. Surplombant la scène, la tour écrasait de sa masse les corps en contre-bas. Et sur la tour, une autre personne. Elle portait le même manteau que le combattant qui s'acharnait sur les ombres. Mais elle paraissait plus grande de plusieurs centimètres.

-Je te trouve... Enfin... Roxas, dit-il.

Prologue Partie 2

Un coeur à perdre

Ses cheveux étaient gris, et descendaient jusqu'au bas de sa nuque. Ses yeux étaient masqués par un bandeau noir. Il était plutôt beau. Et debout, là-haut, il regardait le combat à ses pieds.Le dénommé Roxas continuait de frapper les monstres qui l'encerclaient. Mais petit à petit, il se rapprochait de la grande tour sur laquelle se trouvait son seul spectateur. Les ombres formaient désormais un demi-cercle qui l'obligeaient à faire dos au bâtiment. Mais l'homme aux deux Keyblades ne semblait pas réellement gêné par cette position de faiblesse. Il se tourna vers la tour, jeta un bref coup d'oeil en l'air et s'éleva. Après avoir sauté sur le mur, il se mit à courir sur celui-ci, insensible à la gravité. Il était parallèle au sol, mais à une dizaine de mètres plus haut. Et plus il courait, plus il semblait stable sur la surface de verre et de béton. Roxas accélérait en direction du sommet, en direction de l'homme aux cheveux gris, tandis que les monstres aux antennes démesurées sortaient des parois de la tour et fonçaient sur Roxas. Visiblement, le passage à l'horizontale ne le gênait pas pour combattre car il décimait avec la même vitesse chacune des créatures des ténèbres qui passait à portée de Keyblade. Tout en haut, l'homme aux cheveux gris avança un pied en direction du bord. Puis il fit un autre pas. Ses deux pieds étaient désormais à moitié dans le vide. Il murmura encore quelques mots inaudibles. Ensuite, il avança... et tomba. Sa chute était gracieuse, comme s'il en contrôlait chaque mouvement. Cela semblait en effet le cas puisque, après quelques instants, il se mit lui aussi à marcher sur le flanc de la tour. Puis, tout comme le dénommé Roxas, il se mit à courir. Le jeune homme aux cheveux gris fit apparaître une arme semblable à celles du combattant en contre-bas, en forme de clé, mais celle-ci avait un aspect bleuté.
Les deux hommes couraient tandis que les monstres s'écartaient peu à peu. Ils se croisèrent. Les lames s'entrechoquèrent, les Keyblades blanche et noire furent bloquées par la Keyblade bleue. Roxas recula ses deux lames, et continua à grimper. L'homme aux cheveux gris, quant à lui, continua de descendre. Lorsqu'il se retrouva à terre, les ombres avaient disparues, probablement effrayées par les puissances respectives des deux hommes aux costumes noirs. En haut de la tour, Roxas s'était arrêté. Dos à la place, il recula et tomba dans le vide, tout comme l'autre l'avait fait avant lui. Mais le Keybladeur attendait d'être arrivé au sol, pour s'arrêter. Il se posa tranquillement, ses deux armes dans ses mains. La chute d'une cinquantaine de mètres ne semblait pas l'avoir affecté. Puis, lentement, il se tourna vers l'homme aux cheveux gris.

-Que me veux-tu ? , demanda t-il.
-Tu est utile à un de mes amis. Je dois donc te ramener avec moi, répondit celui à l'unique Keyblade.
-Et si je refuse ? , questionna Roxas.
-Dans ce cas...

L'homme aux cheveux gris se mit en position de combat. Sa main gauche en avant, sa Keyblade au niveau de sa tête, légèrement pointée vers le bas. De lui émanait une sorte d'aura de puissance, mêlant lumière et ténèbres. Roxas retira sa capuche, dévoilant ainsi son visage. C'était un adolescent, aux cheveux blonds assez foncés, avec de grands yeux bleus. Son aspect était un peu enfantin, mais son regard était aussi glacial et terrifiant que la mort elle-même.

-Je vois... Et quel est le nom de mon adversaire ? , demanda Roxas, visiblement peu impressionné par cette aura.
-Mon nom est Riku.


***


Il gisait à terre, la pluie glissant sur son corps meurtri. Sa bouche laissait couler un flot de sang important, et sa jambe droite faisait un angle anormal avec le reste du corps. Une autre blessure au flanc gauche créait une flaque de sang de plus en plus importante. Son épaule gauche semblait déboitée. Son costume était maculé de boue et de sang.
Il avait perdu.
Sa vue se brouillait peu à peu. Il perdit connaissance.


***


Les ténèbres.
Tout était noir autour de lui. Il était encore allongé, mais cette fois, il voyait parfaitement. Remarque, voir les ténèbres ou ne rien voir... Soudain, il ressentit une douleur au niveau du coeur. Il fut horrifié quand il vit la petite lueur rose sortir de son corps. Ainsi son coeur partait, il allait devenir un sans-coeur. Non, ce n'était pas possible. Pas comme ça, pas maintenant. Comment avait-il pu perdre face à ce gamin ? Même s'il ressemblait à... Même s'il maniait deux Keyblades... Insensible à toutes ses questions, le coeur du jeune homme continuait à s'élever. Faire quelque chose. N'importe quoi. Bouger.
Mais son corps restait immobile, sourd aux appels muets du jeune homme. Faire quelque chose, un geste, un simple geste.
Il en était capable, il le savait. Il avait défié les ténèbres alors pourquoi pas la mort ?
Un simple geste. Tendre la main. Attraper ce coeur qu'on disait si fort mais qui le quittait. Sa main droite était en meilleur état que la main gauche. Il tenta de la bouger. Un message électrique partit de son cortex cérébral, parcourut la moëlle épinière, s'engagea le long d'un nerf qui parcourait le bras droit, traversant le biceps et le triceps, dépassant le bras et le coude, pour enfin arriver jusqu'à la main et jusqu'à chaque doigt. Un infime mouvement parcouru l'index. Puis le pouce bougea également. Tous les doigts, enfin. Le jeune homme leva sa main, au prix d'un immense effort. Ensuite, il réussit à lever son bras dans son ensemble. Il tenta d'attraper son coeur qui s'élevait. Mais celui-ci semblait hors d'atteinte. Il tendit les doigts au-dessus de lui. Chaque muscle était tendu, perclu par l'effort que demandait chaque action lorsqu'on frôlait la mort. La sueur perlait son front, coulant le long de ses cheveux et de ses oreilles. Un sursaut de douleur le fit se redresser légèrement. Il était maintenant à bonne hauteur. Il tendit le bras plus que jamais. Il toucha la petite lueur rose, qui stoppa sa montée. Au contraire, elle redescendait lentement vers son corps. Lorsqu'elle l'atteignit, une bouffée de chaleur envahit son corps. Son coeur l'avait quitté quelques secondes mais il était vivant.


***


Elle ouvrit les yeux.

Chapitre 1

Une nouvelle quête

Riku était assis sur son arbre fétiche: l'arbre à Paopou qui se trouvait sur la petite avancée de terre, face à la mer. Le tronc en était tellement plié qu'il était possible de s'asseoir directement dessus. Sora arriva ensuite. Il resta debout, appuyé contre l'arbre, à côté de son meilleur ami.

-Rien n'a changé..., dit Riku un peu abattu.
-Et rien ne changera, répondit Sora d'une voix enjouée.

Ils étaient rentrés depuis un peu plus de quatre mois, et déjà, Riku montrait des signes d'agacement. Après avoir visité des dizaines de mondes différents, se voir condamné à rester cloîtrer sur un seul, cela représentait un véritable supplice pour un coeur avide de liberté.
C'est alors que Kairi arriva en courant, passant sur le petit pont de bois pour arriver jusqu'aux deux amis.
Sora se retourna pour la regarder. Elle était belle, avec ses longs cheveux roux qui flottaient dans les embruns venus de la mer. Le soleil l'éclairait de dos, illuminant sa silhouette mince et gracieuse. Ses yeux pétillaient d'une joie immense, et l'intensité de son regard n'avait pas son pareil. Oui, elle était belle, et il l'aimait.
Tandis qu'elle courait pour les rejoindre, Kairi posa son regard sur Sora. Ses cheveux bruns, ses yeux bleus où se mêlaient la joie, la détermination et le courage. Ses traits s'étaient un peu durcis depuis sa dernière aventure. Il avait mûri, et s'était un peu assagi. Mais il restait impulsif et plein de surprises. Sa présence rassurait la jeune fille à chaque fois. Elle l'aimait.
Une fois arrivée au niveau de Sora et Riku, elle haleta un peu, puis leur tendit une bouteille en verre qui semblait contenir quelque chose. Les deux garçons la scrutèrent un peu, et ils virent à l'intérieur une lettre roulée sur elle-même, et scellée par un cachet de cire. Le symbole représentait un gros cercle rouge, au-dessus duquel se trouvait deux cercles plus petits de la même couleur rouge. Chacun reconnut tout de suite le symbole:

- C'est une lettre du Roi, fit Sora, surpris et heureux.
- Oui, je l'ai trouvée tout à l'heure sur la plage, expliqua Kairi.
- Ouvrons la bouteille, dit Riku, plus calme mais probablement aussi impatient que les autres à l'idée de connaître le contenu de la lettre.

Ce fut Sora qui enleva le bouchon, sortit le message de la bouteille et l'étendit afin que chacun puisse le lire.


***


Trois mois auparavant:
Une silhouette remontait la rue qui menait de la grande place jusqu'à l'entrée du château. Il pleuvait. L'obscurité ambiante favorisait l'individu qui portait le costume noir traditionnel de l'Organisation. Il était petit, aussi petit qu'un enfant. Sa capuche remontée sur sa tête trahissait ses oreilles, de très grande taille et de forme circulaire. Bien qu'aucun sans-coeur ne se trouvait plus ici, il gardait sa Keyblade bien en vue. L'arme ressemblait vraiment à une clé, la tête était de couleur dorée. Après une dizaine de minutes, le Keybladeur arriva devant l'entrée du colossal château de couleur blanche, et portant le symbole des Simili. La bâtisse semblait flotter à plusieurs mètres du sol, et n'était reliée à la terre ferme que par un chemin à moitié transparent au pied duquel se trouvait l'individu. Après un bref regard aux alentours pour s'assurer qu'il n'était pas suivi, il s'avança vers l'entrée. Il connaissait le chemin. A peine entré, il dut faire face à un Simili qui trainait par là, un Incantateur. Celui-ci se trouvait à un mètre au-dessus du sol, et ses armes, des cubes roses, flottaient autour de lui. Il n'eut pas le temps de faire un geste. Le Keybladeur s'était déjà lancé à l'attaque, et en trois coups de Keyblade, le monstre fut défait. Puis le combattant se mit à courir, pour éviter de rencontrer trop d'adversaires en route. Il traversa le couloir nommé l'Appel de la Vacuité, puis emprunta l'ascensceur et la Vue du Crépuscule sans croiser âme qui vive. Il passa ensuite le Hall des Mélodies Creuses. Ici, il croisa le chemin de deux Simili nommés Snipers. Leurs Uzis pointés sur lui, ils tirèrent plusieurs salves de laser, que le Keybladeur renvoya de plusieurs coups de son arme. Blessées par leurs propres armes, les créatures encaissèrent sans riposter les coups de Keyblade qui suivirent, avant de disparaître. Le tout n'avait pas duré plus d'une trentaine de secondes. Puis il continua son chemin. Traversant la longue passerelle du Néant, il déboucha ensuite au niveau supérieur du Hall des Mélodies Creuses. Là, il arrêta de courir. En face de lui, une encadrure de porte suivit d'une volée de marches. Il l'emprunta et arriva dans une salle nommée Preuve d'Existence. Il gravit une petite montée, puis s'arrêta soudainement.

-C'est ici, murmura t-il d'une voix masculine assez nasillarde.

Il observa les lieux. Il se trouvait dans une sorte de petit cimetière, où se trouvaient douze tombes. Sur chacune d'elles était représentée une arme qui devait être celle qu'ils utilisaient. L'une d'elles avait été saccagée de telle sorte que le dessin de l'arme était invisible. Chacune était de couleur rouge, hormis celle qui se trouvait le plus à droite, qui était de couleur bleue. L'homme se rapprocha de celle-ci. L'image représentait deux Keyblades croisées, avec en dessous, les mots "La Clef du Destin" inscrits.

-Roxas... , fit-il.

Ce fut son seul commentaire. Puis il se mit à fouiller un peu partout, observant avec attention le moindre indice, tapotant les murs et le sol. Après une heure de vaines recherches, il s'assit.

-Je ne comprends pas... Elle aurait dû se trouver ici. A moins que...

Le petit homme se leva d'un coup, comme s'il avait reçu une décharge électrique. Puis il marcha vers l'entrée de la salle, faisant en sens inverse son trajet initial. Il retourna dans le Hall des Mélodies Creuses, et observa un pan de mur sur lequel était gravé le symbole des Simili. De nouveau, il se livra à une fouille minutieuse. Appuyant un peu partout sur le symbole, il vit son index s'enfoncer lentement lorsqu'il appuya sur le petit losange qui se trouvait en bas. Lorsqu'il retira son doigt, le Keybladeur vit le pan coulisser, s'enfonçant un peu dans le mur, avant de se décaler vers la droite. Il libéra ainsi un accès à un couloir assez grand, qui s'enfonçait dans la pénombre sur une dizaine de mètres avant de tourner brutalement à gauche. L'homme expira assez fort, comme soulagé, puis il s'engagea dans le couloir. Arrivé au bout, il ouvrit une porte blanche, et entra dans une grande salle circulaire, éclairée par des lumières de couleur bleu et rouge. Au centre trônait une autre tombe, de même couleur rouge que dans l'autre salle, et sur laquelle se croisaient deux armes qui ressemblaient à des sabres lasers. De même que sur les autres, quelques mots étaient inscrits: "Le Supérieur".

-Ca y est ! J'ai trouvé ! Espérons que j'avais raison... , se réjouit le Keybladeur de la même voix nasillarde.

Après un bref coup d'oeil sur la tombe, il la dépassa et aperçut un autre couloir derrière. Il l'emprunta également. Le couloir était moins long, et au bout se trouvait une pièce, rectangulaire cette fois-ci. Ses murs étaient d'un ton gris neutre, et elle était éclairée par un gros néon au plafond, diffusant une pâle lumière blanche sur l'ensemble de la salle. Celle-ci était vide, à l'exception d'un bureau métallique aussi gris que les murs, et d'une chaise du même acabit. Sur le bureau s'entassaient une bonne cinquantaine de feuillets, remplis d'une écriture à belle calligraphie. L'homme s'avança, s'empara des feuillets, qu'il fourra dans une poche intérieure assez large de son manteau. Il ouvrit ensuite un des tiroirs du bureau, qui contenait à peu près le même nombre de feuilles. Il les récupéra de même. Au final, il vida tous les tiroirs, et décida de poser toutes les feuilles sur le bureau. Il y en avait près de trois cents. Le Keybladeur trouva même un petit tiroir secret contenant une dizaine de feuillets écrits à l'encre rouge. L'homme empila le tout, le prit dans sa main gauche, fit apparaître un couloir des ténèbres avec sa main droite, et entra à l'intérieur.

Chapitre 2

La lettre

Trois paires d'yeux parcouraient la lettre marquée du sceau royal. Le temps semblait suspendu tandis que Kairi, Sora et Riku lisaient ces mots:

Mes chers amis.
Comme vous pouvez le constater par ce message que je vous adresse, les passages entre les mondes sont de nouveaux ouverts. Je ne connais pas, au moment où je vous écris, la cause de tout ceci. Mais une chose est sûre, ce n'est pas arrivé par hasard. Je vais tenter de trouver des réponses en retournant à Illusiopolis. L'Organisation possédait peut-être des documents contenant des informations. Sora, Riku, Kairi, pouvez-vous rejoindre Donald et Dingo au château ? Il vous diront tout ce que je sais.
A bientôt.

Les trois adolescents relurent plusieurs fois chaque mot, pour être sûrs de ne pas rêver. Ils avaient du mal à imaginer qu'après quatre mois emplis de jours identiques, sans aucun affrontement avec des sans-coeurs ni avec un quelconque danger, ils devaient maintenant repartir à l'aventure. Un frisson parcourut l'échine de Riku. Il attendait cela impatiemment...

-On dirait qu'on va devoir reprendre du service... , dit-il d'une voix trahissant son excitation.
-Ce n'est pas pour te déplaire, n'est-ce pas Riku ? , répliqua Sora, aussi heureux que son ami.
-Je ne prétendrais pas le contraire... , fit le garçon aux cheveux gris.
-Alors on est d'accord ! En route ! Le Roi nous attend ! , s'exclama Kairi.

Les garçons se tournèrent vers elle, étonnés:

-Euh... Kairi, tu... commença Riku.
-Enfin tu devrais peut-être... , tenta de continuer l'élu de la Keyblade.
-Je devrais peut-être quoi ? , s'impatienta la rouquine.
-Ben... Tu devrais peut-être... , hésita le manieur de Point du Jour.
-Rester ici ? , tenta Sora d'une voix faible.
-Quoi ?!? , hurla Kairi.

La jeune fille regarda celui qu'elle aimait avec des yeux qui auraient pu faire naître la peur chez Jack Skellington et chacun des Simili de l'Organisation. Tout à coup, les deux garçons se sentirent beaucoup plus petits et beaucoup moins intrépides que quelques secondes auparavant. Ils se contentèrent de bredouiller un charabia incompréhensible qui aurait pu se traduire par un "Rien. Rien du tout. Bon on y va alors ?"

-Vous ne comptiez pas me laisser ici, au moins ? , questionna la rouquine d'une voix tellement douce qu'elle en devenait terrifiante.
-Non, non, pas du tout. Euh... Le Roi nous attend, je pense. Alors allons-y ! dit Sora, les yeux fuyants.
-Dites, je ne voudrais pas paraître rabat-joie mais on va y aller comment, les interrompit Riku. Nous n'avons pas de vaisseau ici, et je ne peux plus utiliser les portails des Ténèbres...

Tous trois se regardèrent, conscients qu'ils se heurtaient à un problème de taille. Comment rejoindre le château Disney. Même s'il était de nouveau possible de retourner dans les autres mondes, cela nécessitait un vaisseau. Et les passages des Ténèbres ne pouvaient être utilisés que par les personnes aptes à utiliser les Ténèbres... Finalement, comme ils ne trouvaient pas d'idées, Riku se laissa choir sur le sol. Pour lui plus que pour les autres, l'impossibilité de partir était difficile à accepter. Il avait tant espéré retrouver le Roi ! Et, secrètement, il imaginait pouvoir voyager encore, quand sa soif de liberté aurait été trop forte. Se savoir bloqué ici lui pesait lourd sur l'estomac.

-Riku... , s'inquièta Kairi.
-Riku ! , répéta Sora, mais le brun, lui, souriait. Et si on utilisait le portail de la Lumière ?
-Tu penses que... , répondit-il, plein d'espoir.
-Et bien, ce portail nous a mené jusque ici. Il doit donc être possible de partir d'ici pour aller ailleurs. Alors pourquoi pas au château du Roi ? , expliqua le maître de la Keyblade.
-Oui, ça semble possible, concéda Riku. Mais penses-tu être capable d'ouvrir un de ces portails ?
-Je pense que nous le pouvons, à nous trois, dit Sora.

Riku se releva, fixant son ami du regard. Puis il vînt se placer près de Sora, à sa droite. Après un bref moment d'hésitation, Kairi se plaça à gauche. Les trois adolescents fermèrent les yeux. Levant leurs mains droites, ils se concentrèrent sur la lumière de leurs coeurs. Ils n'avaient jamais ouvert un portail de par leur volonté, et pourtant, chacun avait l'impression de savoir ce qu'il avait à faire: Laisser la lumière les envahir et les guider. Ensuite, se concentrer pour relier la lumière de leurs coeurs à celle de leur monde, l'île du Destin.
Un souffle de vent vînt caresser les visages de Sora, Riku et Kairi, faisant danser des reflets ensoleillés dans les cheveux de la rouquine. Soudain, une immense lumière éclaira le promontoire de l'île, face à nos trois amis. Sora osa jeter un coup d'oeil. Il resta bouche bée devant le spectacle qui s'offrait à lui. La lumière intense provenait d'une forme ovale d'environ deux mètres sur un, d'un blanc aveuglant. Les arbres alentours, éclairés par cette lueur artificielle, étendaient leurs ombres majestueuses le long du sol jusqu'à la mer. Le spectacle aurait pu durer éternellement si Riku n'avait pas donné un petit coup de coude à Sora:

-Hé, réveille-toi ! On y va avant que le portail ne se referme, dit-il.
-Oui je viens..., répondit le brun.

Ensembles, ils passèrent le portail de la lumière, main dans la main. Pendant quelques secondes, les yeux meurtris par la luminosité trop forte, ils restèrent immobiles et aveugles. Puis ils recommencèrent à bouger, ouvrant les yeux prudemment. Sora, Riku et Kairi se trouvaient dans une sorte de couloir blanc. L'horizon semblait infini, de quelque côté qu'ils se tournaient. Des symboles plus lumineux que le sol et les murs parcouraient l'endroit, de haut en bas, à l'envers comme à l'endroit. Kairi frissonna. Bien que le lieu ne soit pas dénué d'une certaine beauté, le vide et le silence n'étaient pas pour la rassurer. Voyant cela, Sora prit la parole:

-Bon maintenant, on fait quoi ?
-Il nous fut rejoindre le château du Roi, répondit Riku. Mais comment y accéder à partir de là ?
-On pourrait utiliser la Pierre Angulaire de Lumière, proposa Sora.
-La quoi ? , demanda Kairi, assez perturbée par l'ambiance de l'endroit.
-C'est une pierre magique qui protège le château Disney contre les Ténèbres. S'il existe une source de lumière assez puissante pour qu'elle puisse nous guider, c'est celle-là, expliqua le maître de la Keyblade.
-Tu crois pouvoir la trouver ? , demanda Riku.
-Je ne sais pas, je vais essayer.

Sora s'écarta un peu, ferma de nouveau les yeux, et tenta de se rappeler la lumière familière de la Pierre Angulaire parmi le flot qui l'entourait. Il lui semblait percevoir au loin quelquechose de ressemblant, mais ça restait vague. Comme si la lumière ne daignait pas s'approcher. Par la force de sa pensée, Sora l'incita à venir puis à s'ouvrir. Un petit cri de surprise provenant de Kairi l'informa qu'il avait réussi. En effet, lorsqu'il ouvrit les yeux, un portail similaire au précédent tournoyait devant lui. Cette fois chacun à leur tour, ils franchirent le portail.
Quelques secondes après être passé, Sora se retrouva sur un sol dur en marbre. Il n'avait pas encore ouvert les yeux qu'une voix familière retentit:

-Ah ! Vous voilà enfin !

Chapitre 3

Le Château Disney

Sora se releva péniblement. L'effort qu'il avait du faire pour ouvrir le portail des Ténèbres l'avait épuisé. Il entendait ses deux amis se relever aussi à côté de lui, aussi décida t-il d'ouvrir les yeux. A demi-clos, les yeux du garçon aperçurent une silhouette qui se tenait à quelques pas d'eux. Au début, Sora n'eut qu'une vision floue, où les couleurs se mélangeaient entre elles en un tourbillon psychédélique. Puis, battant des paupières, le maître de la Keyblade distingua mieux les alentours. Qu'elle ne fut pas alors sa surprise quand il remarqua que la personne qui avait parlé quelques instants auparavant n'était autre que Séphiroth. Mais ce Séphiroth là était particulier. En fait, il était vêtu uniquement d'un string rose fluo, et regardait Sora avec des yeux amoureux.
Tout juste relevé, le Keybladeur retomba à terre sous l'effet du choc. Il regarda de nouveau et constata qu'un homme plutôt vieux, avec une longue barbe blanche et un nez aquilin que surmontait une petite paire de lunettes rondes, avait pris la place de Séphiroth. Il était habillé d'une grande robe bleue un peu négligée.

-Mer... Merlin ! Mais que faites-vous ici ? , demanda Sora à l'illustre mage.
-Pas la peine de crier, je ne suis pas sourd ! , reprocha Merlin l'enchanteur.
-Euh... Désolé, fit le brun en se relevant.

Il voyait parfaitement désormais. Tournant la tête pour regarder où il était, le garçon vit qu'il se trouvait dans une gigantesque salle circulaire, aux murs blancs et au sol de marbre bleu. A quelques pas de lui, au milieu de la salle, trônait un piédestal gris, sur lequel se tenait une pierre entourée d'un halo lumineux. La salle de la Pierre Angulaire de Lumière, en plein coeur du château du Roi. Il avait réussi.
A côté de lui, Kairi et Riku le fixaient du regard. Il les gratifia d'un sourire joyeux, avant de se tourner de nouveau vers Merlin.

-Vous ne nous avez toujours pas dit ce que vous faites ici. Comment se fait-il que vous n'êtes pas chez vous, à Radiant Garden ? Il est arrivé quelque chose ?
-Tu le saurais si tu arrêtais de poser tant de questions. Tout va bien, enfin si l'on peut dire. C'est le Roi qui m'a demandé de venir ici, il souhaitait s'entretenir de certaines choses avec moi. Et j'en ai profité pour jeter un coup d'oeil à la bibliothèque royale. Mais peu importe. L'essentiel, c'est que vous soyez là.
-Oui, approuvèrent les trois adolescents en même temps.
-Je pensais bien que vous viendriez par un portail de Lumière. C'est pour ça que je vous attendais ici, expliqua le magicien.
-De toute façon, on n'avait pas trop le choix, dit Riku.
-On n'avait pas de vaisseau gummi, précisa Kairi.
-Bon, on peut savoir ce qui arrive ? On sait ce qui est la cause de la connexion des mondes ? , questionna Sora, retrouvant son impulsivité coutumière.
-Plus ou moins, répondit Merlin. Le Roi est revenu d'Illusiopolis avec quelques réponses, mais surtout beaucoup de questions.
-Comment ça ? , demanda Riku.
-Ce n'est pas à moi de vous expliquer. Je vais vous emmener à la Bibliothèque. La Reine Minnie est là-bas, ainsi que Donald et Dingo. Ils vous diront tout.
-D'accord, approuvèrent Kairi et Riku.
-Allons-y, tonna Sora.

Merlin s'empara d'un livre qu'il avait laissé au sol, contre le piédestal de la Pierre de Lumière. Puis, il marcha jusqu'à une encadrure de porte, qui menait à une volée de marches. Des torches accrochées au mur assuraient la visibilité. Les marches menaient à un cul-de-sac. Du moins en apparence, car Merlin se contenta d'appuyer sur une barre de métal qui retenait une des torches, et le plafond commença à bouger, glissant sur le côté, et dévoilant les dernières marches qui menaient à une nouvelle salle. Celle-ci était encore plus grande que la précédente, et surtout, plus longue. On ne voyait l'autre bout de la salle qu'en écarquillant les yeux. Les murs blancs étaient drapés de tapisseries royales. Kairi poussa un cri de stupeur:

-Ouah ! C'est splendide !
-Magnifique... , dit simplement Riku.
-C'est la salle du trône, expliqua Merlin.
-La première fois que je suis venu, elle était remplie de sans-coeurs... , se rappela Sora.
-Je crains que cela puisse se réaliser de nouveau dans quelques temps... , soupira l'enchanteur.

Le petit groupe continua son avancée. Il leur fallait traverser toute la salle, ce qui leur prit plusieurs minutes, bien qu'ils marchaient d'un pas pressé. Puis ils arrivèrent devant une gigantesque double porte, grande d'au moins une trentaine de mètres. Levant les yeux, Kairi resta ébahie devant cette réalisation titanesque. Merlin s'en amusa, tandis qu'il ouvrait une porte bien plus petite, au centre de la première. Cette seconde porte était à taille humaine, et permettait d'apercevoir un fragment de couloir longé par une balustrade, et qui surplombait un magnifique jardin rempli de sculptures végétales.
Kairi se mit à rire aux éclats. Tout ça pour ça ! Une porte gigantesque qui cachait en fait une porte de taille normale. Ce château était vraiment étonnant et impressionant. Et sa surprise lui était d'autant plus agréable qu'elle pouvait la partager avec Sora... La rouquine rayonnait de la présence du brun, savourant chaque instant. Elle avait été séparée de lui si longtemps...
Le maître de la Keyblade la regarda, souriant. Lui aussi aimait la voir près de lui. Il s'approcha d'elle et prit la main de la jeune fille dans la sienne. Ils avancèrent ainsi, côte-à-côte.
En voyant cela, Riku détourna les yeux et accéléra le pas, les dépassant pour se mettre à côté de Merlin. Il savait que Kairi avait choisi Sora, et qu'il ne pouvait rien y changer. Mais cette impuissance lui était douloureuse... Un sentiment d'injustice l'envahit. Rien ne serait plus comme avant entre les trois adolescents... Il le savait.



***



Elle atterrit doucement sur le sol, ses cheveux d'un noir de jais tombant en cascade sur sa nuque. Levant les yeux vers le ciel, elle apprécia les gouttes d'eau qui lui tombaient sur le visage. Elle vivait, et cela, elle le savait, c'était une chance.
La pluie coulait désormais dans ses cheveux et son cou, provoquant une sensation fraîche désagréable. Mais la jeune femme s'en délecta. Chaque sensation lui apportait la preuve indéniable qu'elle était vivante, qu'elle existait. Et cela, c'était pour elle une bénédiction... Elle s'assit sur une des marches derrière elle et laissa filer le temps.
Un bruit de pas attira soudain son attention. Elle tourna légèrement la tête vers son origine. C'était un homme d'un peu plus d'une vingtaine d'années, les cheveux bruns, les yeux marrons, avec un corps assez mince, mais solide et musclé. Il portait un jean bleu foncé, avec une chemise marron à longues manches, sur un T-shirt ocre et une paire de chaussures de la même couleur que la chemise. Insensible à la pluie, il vînt s'asseoir à côté de la fille aux cheveux noirs.

-Ce n'est pas prudent de rester ici... , dit-il sans donner l'impression de s'adresser directement à elle.
-Je sais. Mais j'aime la pluie. C'est si... vivifiant ! , s'exclama la fille d'une voix harmonieuse.
-Tu m'étonneras toujours. On dirait presque que tu es comme nous, répondit-il, amusé.
-Presque... Malheureusement, répliqua t-elle d'une voix acerbe.
-Je suis désolé, c'est comme ça... Mais ne crois pas que cela te rend horrible pour autant.
-Je te vois venir... Mais je commence à te connaître.
-Depuis le temps... Ca fait quoi ? 8 mois ? Peut-être moins, estima le garçon.
-7 mois, 11 jours et un peu plus de 5 heures... , répondit-elle, un sourire sur les lèvres.
-Que ça ? Pourtant, j'ai l'impression que cela fait une éternité que...

Elle posa un doigt sur les lèvres du jeune homme, l'interrompant par ce geste.

-Chut... , dit-elle doucement. C'est notre secret. On ne sait jamais qui pourrait entendre ça...


Dans l'ombre d'un bâtiment, une silhouette tressaillit. L'avait-elle repéré ? Personne n'aurait sut le dire, tellement sa manière de parler semblait naturelle. Il resta encore plaqué contre le mur, à écouter. Le sang battait ses tempes. Si on le trouvait ici...
Mais il entendit bientôt les deux personnes se lever, puis des bruits de pas qui s'éloignaient. A regret, il ouvrit un portail des Ténèbres et quitta Illusiopolis.

Suivant le couloir principal du château, le petit groupe composé de Sora, Riku, Kairi et Merlin, arriva devant une porte. L'enchanteur s'arrêta quelques instants:

-C'est ici. Venez, déclara t-il avant d'ouvrir la porte.

Les quatres personnes entrèrent dans la pièce ainsi dévoilée. Il s'agissait d'une pièce moins grande que les précédentes, mais entièrement remplie de grandes bibliothèques, toutes pleines de livres. Au centre de la pièce se trouvait un bureau sur lequel se trouvait plusieurs livres et une multitude de feuillets blancs. Quelqu'un était assis sur une chaise, derrière le meuble.

-Reine Minnie, ils sont arrivés ! , déclara Merlin.

Minnie se leva, et regarda attentivement les trois adolescents présents. Elle ne connaissait parmi eux que Sora, qui l'avait aidé quand Maléfique avait tenté de s'emparer du Château. Mais son visage s'éclaira tout de même.

-Ah, vous voilà ! , salua t-elle joyeusement. Je suis heureuse de voir que vous allez bien.

Sora s'inclina légèrement mais Riku et Kairi restèrent immobiles de stupéfaction. La reine ressemblait vraiment à son époux. Ses grandes oreilles rondes et son visage jovial tranchaient avec la majesté de son habit. Une robe ample, de couleur rose, et une multitude de bijoux lui conféraient une noblesse élégante. Les deux Keybladeurs s'inclinèrent à leur tour.

-Je suis la Reine Minnie, se présenta l'épouse du Roi Mickey.
-Je me nomme Riku, précisa le garçon aux cheveux gris.
-Et moi je suis Kairi.
-Majesté... C'est un plaisir de vous revoir, mondanisa Sora.
-Pour moi aussi, jeunes gens. Mais l'heure n'est pas aux retrouvailles. Merlin, pouvez-vous faire venir Donald et Dingo, ainsi que nos deux invités ? demanda Minnie.
-Bien sûr Majesté.

Le mage s'inclina et quitta la pièce. Les trois adolescents se regardèrent, étonnés. Des invités ? Qui pouvaient-ils être ?
La Reine dut se rendre compte de leur perplexité car elle dit:

-Tout vous sera expliqué tout à l'heure. Ou du moins ce que nous savons. Mais pour le moment, je vous prie de patienter.

L'attente se fit dans un silence gênant, personne ne sachant quoi dire. Quelques minutes plus tard, des bruits de pas se firent entendre. La porte s'ouvrit violemment, et une pluie de plumes s'abattit sur Sora.

-Sora ! , cria un canard possédant un chapeau et une robe de mage d'une voix particulière.
-Salut Donald ! Je suis content de te retrouver ! Vous m'avez manqué, fit Sora d'une voix étouffée, probablement parce qu'il avait quelques plumes dans la gorge.
-Yohoho ! Salut les amis, dit une voix familière derrière Donald.
-Dingo ! Tu es là aussi ! Ca fait plaisir de te voir ! , répliqua Sora.

Donald se releva alors, permettant à Sora de se redresser aussi. Le maître de la Keyblade aperçut alors Dingo, le capitaine des chevaliers du Roi, revêtu d'une armure à l'apparence solide. Le grand soldat serra les trois ados dans ses bras. C'est alors qu'entra...

-Aerith ! Qu'est ce que tu fait là ? , s'exclama Sora, abasourdi.
-Bonjour Sora, et bonjour à vous aussi, fit la jeune femme en penchant sa tête sur le côté et en souriant.

Merlin apparut à sa suite, et s'adressa à la Reine Minnie:

-Majesté, le second invité, cet espèce de grincheux borné, est resté dans la salle des machines, déclara le mage d'un ton bourru. Il a dit qu'il travaillait sur quelque chose d'important et qu'il n'avait pas de temps à perdre avec des gamins. Je n'ai pas insisté mais si vous...
-Cid ! Cid est ici ?!? , l'interrompit le maître de la Keyblade.

Le garçon n'en revenait pas. Il n'aurait jamais pensé retrouver autant de ses amis ici. Riku et Kairi, quant à eux, étaient un peu perplexes. La rouquine connaissait chacun d'eux, mais pas particulièrement. Bien qu'Aerith ait veillé sur elle dans la ville de Traverse, et qu'elles venaient toutes deux du même monde, Kairi restait toujours assez timide devant la beauté et la sagesse de la brune. Riku, lui, ne connaissait que Donald et Dingo, et encore, pas complètement. Le Roi Mickey lui avait parlé de temps en temps de son épouse, la Reine Minnie, mais sans entrer dans les détails. Et il était encore plus mal à l'aise devant l'engouement de Sora de retrouver ses amis. C'était à cause de ces nouveaux amis que le manieur de la Keyblade Point du Jour avait trahi Sora et accepté l'aide des Ténèbres... Il tenta de ne rien laisser paraître, se contentant d'afficher un sourire un peu crispé.
Aerith prit alors la parole:

-Hihihi, oui effectivement, Cid est ici. Ca ne m'étonne pas de lui, ça. Mais peu importe qu'il soit là ou pas pour le moment. Il nous faut d'abord tout vous raconter...

Tous se tendirent quand le visage d'Aerith devînt grave. Face à elle, sept personnes écoutaient attentivement, même si quatr d'entre elles connaissaient déjà les évènements.

-Il y a un peu plus de trois mois, quelqu'un est venu à Radiant Garden, raconta la jeune brune.



[La seconde partie est le récit d'Aeris narré par le narrateur, et non par elle ^^]

Suite Chapitre 4

-Dépêche-toi Aerith ! J'ai faim et j'aimerais rentrer.
-Deux secondes ! Je ne sais pas où ce dossier se trouve. Quelle idée d'avoir égaré les plans de la Forteresse Oubliée ?!? Franchement, Cid... , répondit Aerith, qui pianotait sur l'ordinateur d'Ansem, dans les sous-sols du laboratoire du scientifique.
-Ne t'énerves pas sur lui pour le moment, il est pas là ! , s'exclama la ninja, agacée.
-Oui, mais n'empêche que si je l'avais sous la main...

Une troisième personne vînt interrompre cette discussion. C'était Tifa, une belle jeune femme aux cheveux noirs et à la poitrine plus que visible.

-Les filles, il y a du mouvement dans le sous-sol... , annonça t-elle d'une voix lente et triste.

Tifa avait perdu beaucoup de son énergie depuis que Cloud était parti avec Séphiroth... Le duel à mort entre les deux anciens Soldiers ne s'était pas achevé, ou bien le blondinet n'avait pu revenir...

-Ah bon ? Qu'est-ce qui se passe ? , demanda Youffie.
-Quelqu'un vient d'utiliser un portail des Ténèbres pour venir ici ! On devrait aller voir.

Approuvant de la tête, la ninja et la mage blanche suivirent Tifa. Elles arrivèrent alors dans une salle rectangulaire, aux murs abimés et à la tuyauterie apparente en pusieurs endroits.

-Où est cette personne ? , demanda Aerith.
-Je suis là, dit une voix masculine, bien que personne ne soit en vue.
-J'ai un mauvais pressentiment... , chuchota la brune à Youffie.

Une silhouette surgit soudain d'un des couloirs amenant à la salle. Les trois filles la fixèrent. Il s'agissait d'un homme, âgé peut-être d'une trentaine d'années. Une masse de cheveux blancs tombaient en cascade jusqu'au creux des reins. Sa peau était d'une pâleur extrême, et ses yeux rouges, inquiètants. Il portait un simple pantalon de toile brute, de couleur noire, et il était torse nu. Ses muscles étaient de taille imposante. Son regard sanguin semblait féroce et déterminé.

-Je dois utiliser l'ordinateur d'Ansem ! dit-il d'une voix rauque et grave.
-Et qui es-tu ? demanda Tifa d'une voix soupçonneuse.
-Mon nom est Silas, répondit l'albinos.
-Et pourquoi tu veux avoir accès à cet ordinateur ? , demanda Aerith d'une voix posée malgré son inquiètude.
-Cela ne vous regarde pas. Et je vous conseille de partir sur le champ si vous ne voulez pas le regretter... , menaça l'homme.
-On va voir ça ! , répliqua Youffie. Viens te battre !
-Si c'est ce que tu souhaites... , répondit calmement Silas.

L'albinos s'avança jusqu'à être à quelques mètres des trois filles. Yuffie avait sorti quelques shurikens, et Tifa s'était mis en posture de combat. Aerith était un peu en retrait.
Haussant les épaules devant ce qu'il considérait comme de délicieux amuse-gueules, Silas tendit ses mains devant lui. Une lumière intense commença à illuminer les lieux. Mettant leurs mains devant leurs yeux pour se protéger, les jeunes femmes ne virent plus l'homme pendant quelques instants. Et lorsqu'elles le regardèrent de nouveau, elles restèrent muettes de stupeur.

-Qu'y a t-il mes jolies ? Vous ne vous attendiez pas à ça ? , dit Silas, assez satisfait de lui même.
-Ce sont... Des Keyblades ! , constata Aerith.

En effet, l'albinos tenait dans chacun de ses mains une Keyblade. Dans sa main gauche, la Keyblade répondant au nom de Souvenir Perdu. Et dans sa main droite, la Keyblade Chocobo d'Acier. Silas regarda Tifa avec un regard sadique, avant de foncer sur elle. La jeune fille esquiva la ruade d'un pas sur le côté, et lança un coup de pied dans les côtes de l'homme. Celui-ci ne sembla pas réagir au choc, et attaqua Yuffie d'un coup de Keyblade circulaire. La puissance du coup l'envoya voler sans qu'elle puisse réagir. Aerith se précipita à ses côtés, et la soigna d'un mot. Pendant ce temps, le Keybladeur s'était tourné vers Tifa. Souvenir Perdu en avant, il fonça de nouveau sur elle. La jeune combattante essaya d'arrêter la lame avec ses mains, mais Silas était trop fort. Elle aussi fut projetée contre un des murs de la salle. Mais elle réussit à se relever. D'un bond, elle se plaça à proximité de l'albinos, et lui envoya un coup de poing en pleine mâchoire. Un craquement sinistre se fit entendre tandis qu'elle s'écroulait au sol. La jeune femme tenait son poing ensanglanté contre elle. Son coup n'avait fait que buter sur les os du Keybladeur. Ce dernier lui décocha un coup de pied qui déboita l'épaule gauche de la jeune fille. Elle s'effrondra, inconsciente.

-Espèce de monstre ! , cria Aerith, terrifiée.
-Oh non, je suis bien plus que ça... , répliqua calmement Silas.
-Attends un peu ! , dit Youffie.

La jeune fille aggrandit magiquement son shuriken, qui devînt plus grand que sa main. Puis elle le lança sur l'homme. Celui-ci lança ses Keyblades en l'air, fixa du regard le projectile qui fonçait sur lui, et l'arrêta des deux mains. La ninja en resta stupéfaite.

-C'est... Impossible ! , désespera t-elle.
-Bien sûr que si ! Mais tu veux peut-être le récupérer ?

Le Keybladeur aux yeux rouges renvoya alors le shuriken en direction de Yuffie, avec une force bien supérieure. La jeune ninja ne put réagir tandis que sa propre arme s'enfonçait dans ses côtes. Elle s'écroula, sombrant dans l'inconscience pour lutter contre la douleur, tandis que Silas récupérait ses deux Keyblades.

-C'est ton tour, dit-il à Aerith. A moins que tu ne me laisses accéder à l'ordinateur sans faire d'histoire. Dans ce cas, je ne les achèverais pas.
-Oh, je vous en prie. D'accord. Allez-y ! , sanglota la jolie brune.
-Un instant ! Je crois que nous devrions avoir une petite discussion, tous les deux, fit une voix qui tardait à se faire entendre.
-Léon ! C'est toi ! Je suis si heureuse de te voir, s'exclama Aerith.
-Hum ? T'es qui toi ? Peu importe ! Reste où tu es si tu veux pas finir comme les deux filles là... , menaça Silas.

Pour toute réponse, Léon pointa sa Gunblade vers l'inconnu, prêt à attaquer. L'albinos ricana avant de se jeter sur sa cible. Le brun esquiva habilement, et profita de l'élan de son adversaire pour lui taillader son dos nu d'un coup de Gunblade. Un trait sanguinolent apparut sur le corps musclé du Keybladeur. Se tournant vers son adversaire, il attaqua d'un coup de sa Keyblade Chocobo d'Acier que le Gunbladeur para avec son arme. Mais il ne put rien faire à part se baisser quand Souvenir Perdu déchira l'air dans sa direction, ce qui le laissa à la merci d'un coup de pied de Silas. Le garçon se releva et para de nouveau une attaque du grand albinos. Il réussit cette fois à bloquer les deux Keyblades grâce à sa lame. De sa seule main valide, il lança alors un brasier, que Silas prit en pleine figure. Profitant de ce moment de faiblesse, Léon enchaîna deux coups de poings dans le ventre et trois coups de Keyblade. Le keybladeur aux cheveux blanc fut projeté sur un tuyau de couleur orange, qui explosa sous l'impact, libérant une giclée d'eau chaude. Se relevant avec peine, Silas fit apparaître un portail des Ténèbres:

-J'ai trouvé ce combat très distrayant. Vous avez gagné cette manche mais ça ne se reproduira pas. En attendant, je te conseille d'aller aider tes deux copines... , fit Silas, partant d'un grand éclat de rire.

L'albinos disparut ensuite dans le portail, tandis que Léon fonçait vers les corps inanimés de Tifa et Youffie. Aerith s'activait déjà sur la ninja, soignant ses blessures.



Un peu plus tard, Aerith, Youffie, Léon, Cid et Merlin se retrouvèrent dans la maison de ce dernier. Tifa avait été alongée sur le seul lit disponible, c'est à dire le seul mobilier qui ne soit pas recouvert de livres. La jeune femme n'avait toujours pas repris conscience. Et Léon la fixait du regard, inquiet.

-C'était qui ce type ? , demanda t-il au bout d'un moment.
-Je ne sais pas, répondit Aerith. Mais il voulait voir l'ordinateur d'Ansem. Il devait chercher des données.
-Hum, c'est louche ça ! , déclara Cid. Tu as bien verrouillé les programmes, Aerith, n'est-ce pas ?
-Oui, Cid ! Mais il vaudrait mieux que tu t'occupes d'installer un programme de sécurité supplémentaire, par précaution. On ne sait pas ce qu'il voulait, mais je doute que ce soit sans danger...
-Je m'en occuperais dès demain ! , approuva le blond.
-En attendant, tout ceci reste préoccupant, intervînt Merlin.
-Oui. Le fait qu'il manie la Keyblade pose problème... , ajouta Yuffie.
-Je pense que nous devrions prévenir le Roi, reprit le mage.
-Ce serait en effet une sage idée, mais comme les barrières entre les mondes sont actives, nous ne pouvons pas communiquer avec le château, expliqua Léon.
-Bien sûr que si nous pouvons ! Sur quoi je travaillais, ces dernières semaines à ton avis ? , intervînt rudement Cid.
-Tu veux dire que... , commença Yuffie.
-Bien sûr ! Il m'a fallu pas mal de temps pour le concevoir mais ce petit bijou est une merveille de technologie.

L'informaticien alla chercher quelquechose, à côté du gigantesque ordinateur qui occupait près du quart de la maisonnette. Il en revînt avec un petit cube de couleur bleu électrique. De petits éclairs lumineux traversaient sa surface de temps à autre.

-Je l'ai appelé le bloc A-Cid. Il permet aux vaisseaux gummi de traverser sans encombres les barrières qui protègent les mondes.
-A-Cid ? Tu bricoles vraiment trop. Et pourquoi pas Cidre par exemple ? , le taquina Youffie.
-Attends un peu gamine, tu vas voir ! , répondit le blond, mi-figue, mi-raisin.
-Stop ! , les arrêta Léon. Bien, maintenant que nous pouvons partir, on doit y aller sans tarder. Cid, va installer ton bloc et...
-Attends Léon. Il vaut mieux que tu restes ici. Sinon, qui va protéger les habitants s'il revenait ? , avertit Aerith.
-Oui c'est vrai. Comme Cloud n'est pas revenu, je vais rester. Aerith, tu vas y aller avec Cid. Il se servira de sa machine là, et s'il peut installer la même sur le vaisseau du Roi, ça serait très utile.
-Un instant, interrompit Merlin. Le château possède aussi des protections magiques, je dois donc vous accompagner.
-Alors en route ! , fit Aerith.